Le coup de génie de la Saudi Pro League ? 

La Saudi Pro League, c’est le championnat de football d’Arabie Saoudite. Alors non, ne partez pas ! Oui, on va parler foot, mais sous un angle marketing. Pas de passement de jambes ici sauf pour analyser leur positionnement marketing et leur stratégie de communication. 

La Saudi Pro League donc ! Vous l’avez certainement vu (ou pas !), cet hiver Cristiano Ronaldo est parti jouer en Arabie Saoudite. Avec un joli salaire de 69 millions de francs suisse à l’année (juste le salaire donc), pour les rémunérations totales, on se situe plus autour des 200 millions d’euros (droit à l’image, accords commerciaux, etc.) 

C’était la première pierre à l’édifice de la stratégie saoudienne, créer un championnat compétitif et rayonner au-delà des frontières nationales et continentales. 

Pour ce faire, les moyens sont mis autour de 4-5 clubs qui vont subir un lifting important (on le voit depuis cet été, ce sont toujours les mêmes clubs qui sont cités sur le marché des transferts). On crée donc un championnat à 2 vitesses, mais qu’importe ! Si t’es bien loti (pas de magouilles hein !), le gouvernement, le championnat et les investisseurs te suivent. 

Les objectifs mériteraient un autre article avec retombées géopolitiques, mais on va faire court ici, l’objectif n° 1, c’est la money. Alors oui, on veut faire la transition avec les pétrodollars qui vont forcément finir par s’amenuiser, mais on a d’autres objectifs sportivo-financiers comme l’organisation de la coupe du monde 2030 où l’Arabie Saoudite s’est positionnée pour l’organiser avec l’Italie ou avec l’Égypte et la Grèce ou toute seule.

Oui, l’analyse est plus que rapide et incomplète, mais vous avez l’idée : ça bouge en Arabie Saoudite. Depuis cet été, les joueurs transférés sont légion (Benzema, Kanté, Brozovic, Firmino, etc.), pour un total de 127 arrivées (27 juillet 2023) et 286 millions d’euros investis. 

Beaucoup de noms et quand même pas mal en fin de carrière. Cristiano, 38 ans, Benzema, 35 ans, par exemple. 

Et là, on vire sur le marketing !

Comment se positionner pour montrer au monde qu’on veut pas créer un championnat de préretraite, mais un vrai championnat compétitif ? 

Facile. On montre de l’intérêt pour le joueur le plus cher du monde. Kylian Mbappé.

Kylian Mbappé est en froid avec son club, le Paris Saint-Germain. Le club veut le vendre, lui veut partir l’année prochaine gratos, pour un joueur de 24 ans estimé à 180 millions d’euros. 

Là, l’Arabie Saoudite sent le coup et propose 300 millions d’euros pour le transfert (Paris est content) et 700 millions d’euros de salaire pour le joueur (2.5 x plus que le joueur le mieux payé du monde actuellement). Un contrat d’une année complètement indécent, mais qui a peut-être un autre objectif, parler, faire parler et se positionner. 

On propose donc un énorme montant à Paris qui accepte que le club saoudien discute avec le joueur. Le joueur refuse, mais on s’en fiche, l’important est ailleurs. 

Des milliers d’articles sont publiés, des millions de tweets sont écrits, on analyse, on interprète, on spécule et on noircit de la feuille. Mais surtout, la Saudi Pro League montre qu’elle ne veut pas que des joueurs vieillissants, elle veut des joueurs de classe mondiale, des joueurs dans la fleur de l’âge qui ne viennent pas en préretraite, mais réellement jouer au fòte. 

Conséquence 1 : Valorisation des joueurs !

Les prochains joueurs qui vont être approchés, inconsciemment, se diront qu’ils sont recrutés pour leurs compétences sportives.

Conséquence 2 : Top 2, c’est bien !

Être le deuxième choix après le joueur le plus cher du monde, c’est pas si mal.

Conséquence 3 : Hé l’Europe, on discute ?

Montrer les pecs sur le marché des transferts c’est indispensable, l’Arabie Saoudite se profile encore plus comme un acteur de premier plan des transferts

Conséquence 4 : Tout est dispo !

Si les clubs pensaient refiler les joueurs indésirables ou en fin de course, on les force à réfléchir autrement et à mettre en vente des joueurs avec une plus-value intéressante. On sait que l’Arabie Saoudite achète, paie et rechigne moins que les clubs européens. 

Conséquence 5 : On est un pays de foot !

Après le Mondial controversé au Qatar, l’Arabie Saoudite veut montrer qu’elle est un pays de foot avec des joueurs saoudiens qui côtoient les meilleurs joueurs européens tous les week-ends et amener des arguments qualitatifs pour l’organisation de 2030.

Conséquence 6 : Regardez-nous !

La Saudi Pro League peut approcher tous les joueurs, chers et pas chers, jeunes et moins jeunes, célèbres ou travailleurs de l’ombre. C’est une nouvelle donne avec laquelle composer. 

On voit donc que même si ce transfert ne se fait pas (était-ce même le but ?), les conséquences et retombées pour le championnat seront plus que positives, quantitativement et qualitativement.

On voit également qu’une stratégie marketing ou de business peut se faire n’importe quand et, surtout, en parallèle d’une autre stratégie établie. 

Après c’est des hypothèses et possibilités, c’est peut-être juste qu’ils savent pas quoi faire de leur thune ? 

Alors c’est un coup de génie ou ils jouent juste au Monopoly dans la vraie vie ? 


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